lundi 24 novembre 2014

Défaillances sur la ligne 13 : gestion hasardeuse et matériel défectueux

Un incident survenu ce matin témoigne des difficultés rencontrées par les usagers au quotidien et de la perte de confiance à l'égard des politiques qui font des promesses.

Aujourd'hui, lundi 24 novembre, vers 8h05, une rame MF77 modernisée circulant sur le tronçon Saint-Denis Université de la ligne 13 s'arrête à la station Carrefour Pleyel. Partie 5-6 minutes plus tôt de la station Université, elle est déjà bondée.

Pour des raisons mystérieuses, mais que les usagers de la ligne 13 vivent fréquemment, le conducteur demande aux passagers de quitter la rame et de s'installer dans celle située sur l'autre quai. Résultat, le signal de l'ouverture des portes donne le coup d'envoi à une transhumance d'environ 400 personnes sur une distance de 5 mètres. Certains ont droit aux obstacles que forment les panneaux d'affichage et les sièges du quai.

Comment expliquer cela ? Peut-être faut-il y voir un hommage de la RATP au fameux verset biblique de Saint-Matthieu : "Ainsi, les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers." En effet, les passagers montés à la station Université, et qui sont généralement ceux qui ont pu s'asseoir, se retrouvent debout. A l'Association Saint-Denis Transports, on n'a jamais compris la logique sous-tendant cette manœuvre.

Cependant, ce matin, un grain de sable s'est niché dans cet exercice imposé. La rame dans laquelle 400 personnes venaient de se précipiter n'a pas pu partir. Pendant 5 minutes, le conducteur s'est obstiné à fermer les portes, qui se réouvraient quelques instants plus tard. Il a même quitté sa cabine pour se diriger vers l'arrière du train. Finalement, il fut obligé de se rendre à l'évidence : la rame dans laquelle il venait de transférer l'ensemble de ses passagers ne pouvaient pas partir ! En conséquence, les passagers furent obligés de faire une deuxième transhumance.

De ce nouvel incident, plusieurs enseignements peuvent être tirés :

1. L'usure prématuré du matériel, même modernisé

L'Association Saint-Denis Transports l'a déjà dénoncé à plusieurs reprises : le matériel ferroviaire utilisé sur la ligne 13 est à bout de souffle et doit être rapidement changé. Or, la modernisation des rames n'est pas à l'ordre du jour. La décision n°2013/534 du Syndicat des Transports d'Ile-de-France (STIF) du 11 décembre 2013 sur le schéma directeur du matériel métro prévoit le changement de ces rames à partir de 2027 dans le meilleur des cas, sinon à partir de 2029.

Les services de maintenance de la RATP n'ont pas fini de s'arracher les cheveux. Quant à nous autres, pauvres usagers de la ligne 13, notre "expérience usager" (pour reprendre la novlangue commerciale en vigueur) n'est pas prête de s'améliorer.

2. Descendre à Carrefour Pleyel ne se justifie pas

Pourquoi demander aux usagers de quitter une rame à Carrefour Pleyel pour en prendre une autre ? Si vous avez la réponse, tant mieux ! Pour notre part, nous considérons que l'incident de ce jour démontre à tous ceux qui auraient encore des doutes l'inutilité de cette manœuvre.

Son seul impact est de faire perdre la confiance des usagers à l'égard de la RATP et de l'autorité organisatrice des transports qui définit et contrôle la qualité de service : le STIF.

3. Où en est le déploiement du système Ouragan ?

En avril dernier, le Président du Conseil régional, Jean-Paul HUCHON, qui préside également le STIF, annonçait que le changement du logiciel informatique de contrôle de la 13 allait permettre d'améliorer la fluidité du trafic (Métronews du 24 avril 2014). Derrière cette déclaration se dissimule la mise en place du système Ouragan : un système de contrôle commande des rames de métro. Il s'agit d'un serpent de mer, dont la mise en place était attendue comme le messie il y a dix ans. Le projet devait enfin aboutir cette année, mais les multiples incidents vécus par le usagers au cours de ces derniers mois tendent plutôt à démontrer le contraire.

Il serait tout à fait opportun que 9 mois après sa sortir auprès des usagers, le Président du Conseil régional s'exprime à nouveau sur le sujet.


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